vendredi 3 juin 2016

Le texte



Cerise à l'eau-de-vie

Aurélie Vauthrin-Ledent 

Editions L'Harmattan, 2011 


Une guerre, en Afrique... Une brigade termine sa manoeuvre. Mais les esprits militaires altérés par la guerre dégénèrent et s'entraînent dans le massacre d'un village. Une enfant, seule rescapée, est retrouvée par l'Homme-en-uniforme. Il décide de l'adopter. En France, ils s'installent dans le Sud. Mais tout les sépare : âge, couleur, langue... Comment communiquer dans ces conditions et réapprendre à vivre ?

Texte lauréat 2011 du Tarmac de la Villette

Le spectacle


Création du spectacle au Théâtre de la Vie 
Du 18 au 29 novembre 2014

Une guerre, quelque part en Afrique… Une brigade termine sa manœuvre. Mais les esprits militaires altérés par la guerre dégénèrent et s'entraînent dans le massacre d'un village. Une petite fille âgée de neuf ans est retrouvée saine et sauve par le Chef de la Brigade qui décide de l’adopter. Arrivés en France, l’homme et l’enfant s'installent dans un village du Sud-Ouest. Mais tout les sépare… Comment communiquer dans ces conditions et réapprendre à vivre ?
Les villageois hostiles à leur venue mettront tout en œuvre pour séparer le fragile duo naissant. Isolés l’un de l’autre, Cerise sera alors persécutée et agressée. Dans son coma, elle raisonne, chemine, questionne les gens qu’elle aime, mais aussi la nécessité de vivre.
 
Comédienne et metteur en scène, Aurélie Vauthrin-Ledent se plonge aussi dans l’écriture. Cerise à l’eau-de-vie, publié aux Éditions L’Harmattan, est son premier texte pour le théâtre. Après La Rafle du Vel d’Hiv de Maurice Rajsfus en 2006, elle signe sa deuxième mise en scène. Comment trouver encore l'énergie et l'envie de vivre au sortir d'une guerre, au sortir de la souffrance, psychologique, et corporelle? Comment s’exprime la peur de l’autre et des différences, reflet des faiblesses humaines? Une création audacieuse.

Avec : Laetitia Ajanohun, Alisé Djonga, Leila Putcuyps, Philippe Rasse, Isabelle Renzetti, Jeff Rossion, Denyse Schwab, Alexis Van Stratum, Félix Verhaverbeke / Texte, mise en scène et scénographie : Aurélie Vauthrin-Ledent / Assistante à la mise en scène : Assiya El Mhaier /Création sonore : Laurent Laigneaux / Coproduction: Théâtre de la Vie



Chère Aurélie,

Suite à la création de Cerise à l’Eau de Vie chez nous en novembre 2014, je tenais à te redire comme nous avons été heureux d’accueillir ce spectacle. J’avais d’abord eu un premier contact avec l’écriture qui m’avait beaucoup touchée, puis nous avons discuté ensemble du projet de mise en scène qui me paraissait très pertinent : une équipe nombreuse afin d’incarner le village, un dédoublement du rôle de Cerise (la jeune fille et la jeune femme), un dispositif en agora, la matière brute présente sur le plateau (sable, bois, associés aux briques du théâtre). Les bases de ta réflexion me paraissaient déjà très porteuses.

Le spectacle a généré une fréquentation massive au théâtre et nous te devons beaucoup à cet endroit. Et si la presse ne nous a pas fait l’honneur de se déplacer, sache que je m’en excuse et en exprime les plus vifs regrets.

Comme tu le sais, j’ai assisté plusieurs fois au spectacle ; j’ai été enchantée  de la qualité d’écoute du texte que tu as mis en place. J’ai été sous le charme de tes Cerise, et te félicite pour le travail de l’image qui était très réussi.

J’ajouterais enfin que ce spectacle a suscité de vives réactions parmi les spectateurs. Les plus contrastées que nous ayons connues à ce jour au théâtre. Beaucoup d’entre eux nous ont écrit pour nous exprimer leur émotion et leur joie.
Je te souhaite bon vent pour les nouvelles aventures du spectacle, mais aussi pour tes nouveaux projets d’écriture et de mise en scène.
Au plaisir de nous revoir,

Bien à toi.

Peggy Thomas, directrice du Théâtre de la Vie.

Photos du spectacle




Extrait citation


Extrait citation 

Presse


 Cerise à l’eau de vie au Théâtre de la Vie


D’Aurélie Vauthrin-Ledent, avec Laetitia Ajanohun, Alisé Djonga, Leila Putcuyps, Philippe Rasse, Isabelle Renzetti, Jeff Rossion, Denyse Schwab, Alexis Van Stratum, Félix Verhaverbeke

Du 18 au 29 novembre 2014 à 20h au Théâtre de la Vie

Dans la pièce d’Aurélie Vauthrin-Ledent, le spectateur découvre l’histoire de Cerise. Alors que les massacres de la guerre ont fait d’elle une orpheline, Cerise née Esperanza est adoptée par le chef de brigade en mission dans son village. A son arrivée en France, dans un petit village du Sud-Ouest où les préjugés et la peur font rage, où il est question de la réputation et où la justice peut être absurde, Cerise découvre qu’il est difficile de vivre dans ce monde où tout est plus petit et où les gens médisent derrière leur fenêtre. C’est un récit riche en émotions que la pièce nous conte, à doubles mots, une histoire faite d’échos et de résonnances : la vision de la Cerise qui avait neuf ans et de celle qu’elle deviendra. Aurélie Vauthrin-Ledent livre, ici, une recherche scénographique époustouflante et pleine de beauté. On est littéralement plongé dans le monde de l’enfant et de ce qu’elle apprend à dire, enfin. C’est tout le traumatisme de la guerre et du déracinement qui est abordé dans ce texte et l’auteure n’en est pas à son premier essai : Cerise à l’eau de vie est sa seconde mise en scène, après l’adaptation de La rafle du Vel d’Hiv de Maurice Rajsfus, en 2006, dans laquelle elle traitait déjà des thèmes de la souffrance psychologique et de la survivance.

Donnée au Théâtre de la Vie à Saint Josse, Cerise à l’eau de vie est un rendez-vous à inscrire dans votre agenda. C’est un voyage dramatique mais jamais plombant, jamais trop pathétique que l’on fait aux côtés de la petite Cerise, à travers ses mots, ses jeux, les dessins qu’elle trace sur le sol. La mise en scène inclut, aussi– et c’est tout l’avantage inhérent au Théâtre de la Vie – une interaction avec le public qui s’étend jusque sur le plateau. Ce détail vient ajouter à la tension psychologique pouvant émaner du récit et conscientise juste ce qu’il faut, sans pathos inutile, sur le rapport qu’on entretient avec l’autre.
Rating:



Cerise à l’eau de vie aux Editions L’Harmattan (disponible au Théâtre de la Vie).

Justine Guillard, Suricate Magazine
19 novembre 2014



Retrouver l'envie de vivre au sortir d'une guerre

 
« Cerise à l’eau-de-vie ». Ne vous y trompez pas, malgré son titre convivial et festif, la pièce de la jeune Aurélie Vauthrin-Ledent trempe dans une histoire corsée, amère : « En Afrique, une brigade usée par la guerre sombre dans le massacre d’un village. Une petite fille âgée de 9 ans est retrouvée saine et sauve par le chef de la brigade qui décide de l’adopter. Arrivés en France, l’homme et l’enfant s’installent dans un village du Sud-Ouest. Mais tout les sépare. Les villageois hostiles à leur venue font tout pour diviser le fragile duo naissant. Isolée, Cerise sera persécutée et agressée. Dans son coma, elle raisonne, chemine, questionne les gens qu’elle aime, mais aussi la nécessité de vivre ».

D’où vient l’inspiration de ce texte, votre premier pour le théâtre ? 
Aurélie Vauthrin-Ledent : C’est inspiré de plusieurs faits divers et historiques mais qui sont déformés, malaxés. J’ai dans ma famille des gens qui ont été militaires. Alors que j’avais fini l’écriture de la pièce, j’ai entendu parler du général québécois Dallaire au Rwanda, qui avait voulu adopter une petite fille mais ne l’avait pas fait finalement. La réalité rattrape la fiction. Il y a aussi dans mon entourage des gens qui ont vécu le viol. Tous les témoignages convergent : ces personnes s’en sont sorties parce qu’elles se sont occupées d’elles-mêmes, se sont construites, sans chercher à détruire leurs bourreaux. La grand-mère de Cerise lui dit : « si tu te laisses ronger, tu meurs une deuxième fois ». 

Vous convoquez l’Afrique et la France dans la scénographie ? 
Vauthrin-Ledent : Le plateau est l’espace mental de Cerise. Les temporalités et les lieux se superposent. Le public est intégré dans la pièce puisque les villageois sont dispersés parmi les spectateurs. Le public, sans se sentir accusé, se posera des questions. Car j’ai voulu dire aussi que ces gens sont avant tout humains. Ils veulent bien faire mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le centre du théâtre est une fusion entre la place d’un village africain, qui correspond aux souvenirs de Cerise, et le village du Sud-Ouest de la France où elle est maintenant. On travaille aussi sur le sable où la petite fille dessine pour graver les souvenirs, s’inscrire dans le temps. C’est sa vengeance. Dès le début, elle dessine. Comme les gradins du théâtre sont très pentus, on voit bien ses dessins. 

C’est finalement l’histoire d’une reconstruction ? 
Vauthrin-Ledent : Tout ce qui se passe dans l’espace mental de Cerise appartient au passé. Elle revisite le passé pour le démêler et passer à autre chose. Il faut qu’il y ait introspection avant de pouvoir avancer. La guerre, les guerres restent une énigme pour moi. Ma première mise en scène, c’était La Rafle du Vél d’Hiv de Maurice Rajsfus en 2006. Je voulais comprendre le mécanisme d’un tel événement mais je ne pouvais pas passer par l’émotion, car je ne l’ai pas vécu. Alors je suis passée par une partition, quelque chose de mécanique et musical.